Digital IQ
Basé sur un audit de plusieurs critères, le quotient intellectuel numérique de l'entreprise peut être calculé sur les points suivants :
- Présence en ligne : réalisation du site (contenus de qualité, fonctionnalités riches),
 - Développement d'outils et d'applications numériques améliorant la productivité, le suivi de production et la communication entre les équipes
 - Marketing digital,
 - Animation de l'entreprise sur les réseaux sociaux et autres applications mobiles.
 
L'intelligence digitale passe donc par un maniement sensible des technologies et compétences tout en gardant l'Humain au centre : accessibilité, compatibilité, ergonomie, gestion de l'e-reputation, production de contenus et diffusion de l'information en mode multi-canal.
Transformation digitale de l'entreprise
J'ai travaillé dans différents types de structures : PME, start-ups, grands groupes. Pour les entreprises innovantes, dont le moteur de réussite est basé sur la recherche et développement, la numérisation des processus est une évidence. J'en ai ainsi fait l'expérience dans les secteurs de la foodtech et de l'IoT. Ce sont des structures résilientes, car en s'appuyant sur les technologies web, informatique et réseaux, elles ont pu traverser la crise de la Covid-19 en maintenant une grande part de leur activité grâce au télé-travail et aux visio-conférences. La chaîne de production était partiellement touchée, surtout par rapport aux fournisseurs et à toutes les industries impactées par l'arrêt des activités des usines.
Pour ces entreprises, la transformation digitale était transparente, car à la base de tout l'organe de production de valeur.
Leur quotient intellectuel digital était pourtant bien différent de l'une à l'autre. L'entreprise de la foodtech, une aventure entrepreneuriale familiale qui existait depuis des 2014, et centrée autour du développement logiciel d'abord destiné aux collectivités locales, a du adapter sa vision métier à des utilisateurs professionnels de la restauration de plus en plus exigeants en terme de prise en main de l'outil informatique. En même temps, la société a ouvert sa maîtrise logicielle et métier aux restaurateurs du secteur privé. En étendant son type de clientèle, elle a aussi du faire face à une transformation accélérée de sa compréhension de sa nouvelle cible, beaucoup plus adepte de l'univers web et initiée à ses codes, tout en exigeant toujours une prise en main facile de l'outil logiciel. En découvrant le secteur de la restauration collective ET celui de la restauration privée j'ai réalisé que ces deux univers, même s'ils partageaient des besoins et exigences communes, n'avaient pas la même souplesse d'utilisation, et n'étaient pas ouverts à la pédagogie de la même façon. Mon rôle consistait entre autres à informer des nouvelles fonctionnalités liées aux montées de versions de développement, participer à la documentation interne et client, à l'élaboration des cursus de formation, et au support utilisateur en ligne au travers d'une solution de chat. L'entreprise était en phase de réflexion par rapport au choix d'investisseurs. Aujourd'hui elle fait partie d'un groupe.
Une autre expérience, au sein d'une start-up d'une dizaine de personnes dans le secteur de l'IoT, m'a permis de prendre conscience de ce que pouvait être le quotient intellectuel digital.
Avec un business model basé sur une solution matérielle et logicielle de tracking GPS, cette jeune pousse fondée par 4 amis est complètement baignée dans le numérique. Seule la production électronique et la R&D restent ancrées dans l'ère industrielle. Et cela ne concerne finalement qu'une seule personne. Le reste de l'équipe est tourné vers la production de contenus, la veille concurrentielle et marketing ainsi que la définition de stratégie, l'animation des réseaux sociaux et le développement informatique des différents supports : les apps iOS et Android, et les sites internet.
Le quotient intellectuel digital de cette start-up est très élevé. D'ailleurs, sans production électronique (rupture de composants, choix d'alternatives) la société a pu maintenir son activité en temporisant ses ventes et mettant en place des solutions de pré-commande, des systèmes de récompenses pour les acheteurs ne pouvant être livrés dans les délais, etc tout en poursuivant le développement de sa présence et surtout de sa visibilité sur le web. L'inverse n'aurait pu être possible : sans internet, la société n'aurait pu vendre, ni trouver de nouveaux distributeurs ou partenariats avec la même équipe.
L'agence disruptive
Ces deux expériences professionnelles récentes m'ont permis de mettre un nom sur un ensemble de pratiques qui résume la compréhension et l'appétence d'une entreprise pour le digital. Mais j'ai pourtant eu d'autres occasions professionnelles de constater le phénomène d'appropriation du numérique par l'entreprise...
En fait, j'ai même débuté ma carrière avec ! Après un parcours autodidacte dans la création de pages web à partir de 1997, j'ai pu intégrer une agence de communication RH, qui était la filiale française d'un grand groupe américain. J'étais référenceur, chargé de référencer les sites internet pour l'emploi (ou job boards), au sein d'un extranet alors en développement. Les clients de l'agence, qui étaient des grands groupes recrutant principalement des profils ingénieurs, avaient alors accès à cette base de donnée privée pour déterminer les meilleurs médias en ligne pour sourcer leurs candidats. Ces souvenirs me ramènent en l'an 2000. Si je vous dis "disruptif", vous allez sûrement sourire, tellement ce mot a été utilisé qu'il est devenu cliché pour se moquer de start-up en recherche de financement. Mais en 2000, cette base de données sites emploi, la première du genre à ma connaissance pour tout médiaplanneur qui se respecte, était un ovni au sein du secteur ultra-traditionnel qu'étaient les Ressources Humaines. Cette agence de com' RH possédait un quotient intellectuel digital très elevé, surtout dû aux origines outre-atlantique du management, des process et des technologies utilisées. L'agence capitalisait sur le web, en proposant des mini-sites de recrutement pour les grands-groupes, du médiaplanning et rédaction d'annonces en ligne, couplées ou non avec les annonces presse traditionnelles. Des services de chasse de tête en ligne, et sur-mesure, étaient également proposés. C'était il y a 23 ans. Je précise juste que LinkedIn n'existait pas à l'époque, et que Google venait tout juste de faire ses premiers pas.
Cette expérience prouve que le quotient intellectuel numérique est avant tout un état d'esprit, avant de reposer sur un socle d'outils connectés et communiquants.
L'industrie agile
Je ne pouvais pas continuer sans aborder l'industrie. En intégrant un grand groupe industriel mondial en pleine transformation digitale, j'ai eu la chance d'en voir les rouages. Au départ il m'a semblé que les engrenages étaient grippés, que rien ne pourrait mettre en mouvement (numérique) une telle entité familiale. Et puis l'incroyable s'est produit. Je travaillais alors le SEO d'un portail mettant en contact automobilistes et réseaux de réparateurs. Une cible B2B2C qui était en recherche de solutions digitales pour adresser les foyers d'un côté, et de l'autre optimiser le budget entretien véhicule. Cette start-up (décidément vous allez dire) créée en 2009 avait trouvée son marché et suscité l'intérêt d'un industriel français, qui l'avait acheté. Plus rien ne s'est passé pendant plusieurs années : pas d'accompagnement, pas de directives claires. Tout laissait croire que l'achat avait été compulsif. Qu'il ne se passerait jamais rien. Or lorsque la machine digitale s'est mise en route, nous avons eu la chance d'être visités et sollicités par des personnalités de ce grand groupe. Nous avons finis par être pleinement intégrés dans la transformation digitale, et avons été au coeur des process et des outils, avec les différentes branches, d'autres start-ups rachetés comme nous, d'autres pays. L'inertie m'a semblé durer une éternité, pour moi qui avait débuté professionnellement dans une boîte à la culture américaine persuadée qu'il fallait tout investir dans le web.
Bref. Ce grand groupe n'a, à son échelle de longévité, pas mis longtemps à commencer sa transformation numérique, en réalité. Son quotient digital ne peut pas se comparer avec celui de la start-up IoT pour laquelle je travaillais aussi la présence en ligne (SEO). Car il ne correspond toujours qu'à une partie de son organisation, de sa structure. Dans l'industrie, tout ne peut pas être digitalisé autant et aussi rapidement que dans d'autres secteurs. Il faut faire montre de cadre, rigueur, tester et éprouver maintes fois les procédures, respecter les cahiers des charges à la lettre, avoir une approche empirique et une exigence qualité la plus élevée.
Petite digression : Tout l'inverse de l'univers numérique de cette année 2023, baignant dans l'IA sans mesure ni précautions, ni même sensibilisation ou éducation. C'est juste une course chimérique à l'entreprise qui captera toute l'attention avec la promesse IA et arrivera à centrer la première son business model autour. Faites vos jeux rien ne va plus : Google avec la SGE, Barg et Maggi ? Microsoft et Bing Ai assisté de Copilot ? Open AI et ChatGPT ? D'autres acteurs, traditionnels ou pure players ?
Pour en revenir à mon expérience professionnelle au sein d'un groupe industriel, son quotient intellectuel digital ne peut donc se comparer aux autres. Car si la part digitale est moins élevée sur certains processus ou méthodologies, la conduite du changement s'est diffusée au sein de ses différents métiers. A tel point que la transformation digitale du groupe est peu visible pour le grand public aujourd'hui, tellement elle est diffuse. Et pourtant, le choix des développements est aussi un des facteurs d'évaluation du quotient intellectuel digital : plutôt que de chercher à numériser ce qui ne peut l'être plus, chercher à développer de nouvelles activités, à créer de nouvelles synergies, à unifier un storytelling.
Le web dans le web
Mon travail actuel de consultant SEO me fait retourner à mes premiers amours. Je travaille sur le web, pour le web, avec le web. Mon rôle consiste donc à identifier les axes d'amélioration de visibilité en ligne des clients, puis à les mettre en place avec le client.
Au sein de l'agence, qui est une entité née de la fusion, en début d'année 2022, de plusieurs agences SEO et SEA dans toute la France, le quotient intellectuel digital est naturellement élevé, le web étant l'ADN du groupe. Pour autant de nombreux axes d'améliorations existent sur ce point, qui sont paradoxalement peut-être, de nature humaine : partager une culture qui s'est faite sous nos yeux, en comprendre les tenants et aboutissants, comprendre les grandes périodes de sa courte histoire (l'éclatement de la bulle internet dans les années 2000, l'avènement du e-commerce, le blog pour tous puis le vlog, la traversée de la crise Covid grâce au web...) propager l'idée originelle du web : le partage de connaissances et la communication entre individus distants. Et l'adapter à aujourd'hui : reprendre ses distances après la Covid, reconsidérer l'outil comme un moyen et non une fin en soi, prendre conscience de la consommation énergétique du web dans son ensemble et chercher à réduire son empreinte, etc.